Une tasse de thé

Hier, dans le train pour Rome, j’ai rencontré un merveilleux moine bouddhiste. Le siège qui m’a été attribué était devant le sien. Une première salutation a suffi pour commencer à bavarder doucement. Parmi les nombreux discours, un Maître que nous avons tous deux en commun a été mentionné : Bodhidharma. Il me raconte des histoires qui sont murmurées dans son temple, j’en raconte une qui est murmurée dans le mien.
Un jour, Bodhidharma a voulu commencer une longue méditation dans une grotte du Mont Chai. Vers la fin de la septième année, il était désespéré par l’échec de sa pratique, il avait dépensé tant d’énergie pour essayer de trouver l’illumination, il s’était privé de tout, et il avait toujours du mal à comprendre comment aimer sincèrement, comment embrasser l’Univers. Un soir, maintenant fatigué et désespéré, il a craqué et s’est assoupi. Il s’est endormi et a rêvé d’un mendiant qui mendiait sur le bord de la route. L’homme lui a fait signe de s’approcher et Bodhidharma s’est approché. Le mendiant aux yeux pleins d’amour a alors pris la seule chose qu’il avait, une tasse de thé, et la lui a offerte. Il lui a dit : « Prends cette tasse de thé, s’il te plaît ».
Bodhidharma a soudain réalisé que la rivière de nos vies coule dans un lit qui l’accompagne jusqu’à sa destination sans effort, et que la seule chose dont nous avons besoin est de nous réjouir de chaque petit moment. Ce sera le point central de son enseignement jusqu’à sa mort.
Lorsqu’il s’est réveillé ce jour-là, le cœur de Bodhidharma était immense, et le thé sera appelé Chai dans le monde entier pour nous aider à en apporter un peu dans nos journées.
Prends, s’il te plaît, cette tasse de thé.
Une étreinte universelle